Le premier soir, elle était «un peu stressée». Là, sous l’écran de cinéma d’un multiplex français à l’immense espace-vente de pop-corn et confiseries, loin de sa radio rurale nigérienne, Fati Amadou Ali entrecoupait parfois son verbe animé. Cherchant le mot juste, s’excusant et repartant de plus belle, scintillante dans son abaya noire pailletée à capuche. Une tenue cousue sur mesure pour l’événement. Cette journaliste est l’une des trois protagonistes du documentaire Radios communautaires : leur combat pour informer au Sahel. Réalisé par Robin Grassi, responsable du pôle studio de Reporters sans frontières (RSF), il a été projeté à Dakar les 11 et 12 septembre, et suivi de discussions.
A ses côtés, Adama Sougouri, directeur de la radio burkinabè La voix du paysan et Ousmane Abdoulaye Touré, responsable de Radio Naata à Gao, dans le nord-est du Mali. Les voici soudain dans la lumière. Eux qu’on oublie tant. Ils sont pourtant les artisans d’un média de proximité unique en son genre. Le cordon ombilical du monde rural, cette majorité rarement audible et isolée. La radio est sa «chose». Et elle se cantonne en retour au journalisme utile. «Le terme “radio communautaire”, c’est un jargon, mais c’est bien plus que ça en réalité», s’enthousiasme Ousmane Abdoulaye Touré.